Voyailes

Sénégazelle 2013

La Sénégazelle en chiffres :

Vendredi 1er juin à 00:00:00 je suis en mode "concentrée" devant mon ordinateur. Le compte à rebours est terminé et les inscriptions pour le Sénégazelle 2013 viennent juste d'ouvrir.

Les places sont chères : 62 participantes maximum ... c'est donc par une épreuve de rapidité que cette aventure commence ! 2 minutes plus tard, tout est rempli et à 00:05, je reçois la confirmation de ma PRE-inscription ... Voilà la 1ère étape franchie avec succès. Il faut maintenant retourner le dossier d'inscription complet par la poste puis attendre la réponse définitive de l'organisation. Le suspense commence.

Et c'est le 5 juin à 19h11 que la réponse arrive par mail : "(...) j'ai le plaisir de vous informer que votre inscription vient d'être validée pour la Semaine A-SIMAL- du 23 février au 03 mars 2013". Un nouveau compte à rebours est donc lancé juqu'au départ pour cette course humanitaire que je vais partager avec Isa et Sylvie.

Présentation de l'épreuve :

La SENEGAZELLE est une course à pied en 5 étapes de 8 à 13 kms, exclusivement féminine. A chaque arrivée d'étape, une action scolaire de solidarité (distribution de matériel scolaire) est organisée en collaboration avec une école.

Programme :

Il ne reste donc qu'à patienter ...

Site de présentation de notre projet Sénégazelle 2013 (cliquez sur le logo) → 

Pour toutes les Sénégazelles qui partent sur l'édition 2014, n'hésitez pas à m'envoyer un mail (cliquez sur ce lien : Contact Sénégazelle ). Je me ferai un plaisir de répondre à vos demandes de renseignements.

Récit de la course

Samedi 23 février, c'est sous une température négative que nous embarquons pour Dakar via Casablanca. Nous avons déjà retrouvé une dizaine de gazelles à Lyon et nous retrouvons la quasi totalité du troupeau ainsi que le staff lors de notre escale Marocaine. 1 heure du mat' nous sommes près de 80 nanas (chargées comme des mulets) à attendre les cars qui doivent nous conduire à Simal.

Cela fait 9 heures que notre périple a commencé et il nous reste encore 3 heures de route dont 1/2 heure en camion brousse sur les pistes ensablées de la savane sénégalaise. Nous traversons quelques villages endormis et j'avoue que j'aimerais bien me poser également ... mais à l'arrivée il faut encore résister aux bras de Morphée et assister à la cérémonie d'accueil qui nous est réservée. 4h. du mat', les tam-tam résonnent encore dans la tête quand je m'écroule comme une masse. 

Dimanche 24 février, 7h30 (-1h / France), je découvre les 1ères images de notre campement situé au bord du fleuve Sine Saloum. De jolies cases typiques au confort spartiate : on oublie la clim., la chasse d'eau et l'eau chaude ... les toilettes et le tuyau qui nous sert de douche sont à ciel ouvert, le mobilier se compose de 2 lits simples et d'un lit double avec moustiquaire. Pour le rangement c'est "comme-tu-peux.com" ... ah ben non, y'a pas Internet non plus ! Bref, je plaisante mais je crois que le paradis doit un peu ressembler à ça ....

Cette 1ère journée s'écoule au rythme sénégalais : tri des fournitures scolaires, présentation du staff, briefing de Jean-Michel sur l'organisation des courses, remise du T-Shirt de la Sénégazelle (que nous devrons porter sur des étapes bien définies) et far-niente.

On termine par une visite au centre commercial ... qui se compose d'une 30aine de "boutiques" tenues en majorité par les femmes du village. Ici, il y a une loi à laquelle on ne peut déroger : c'est passer dans chacune des boutiques pour ne pas faire de jalouses ... et pas question d'essayer de faire l'impasse ! Au moindre faux pas on vous rappelle à l'ordre ! Franchement, ça donne envie de fuir d'autant qu'elles proposent toutes les mêmes choses. Mais bon, pour info, la venue des Sénégazelles leur permet de vivre 6 mois ...

Lundi 25 février, ça y est c'est le top départ de la course. A 8h30, nous sommes 79 Sénégazelles prêtes pour une étape de 10,6 kms sur une piste difficile qui nous emmène dans le village de Yayem. Au bout de quelques kms je me sens déjà plombée par la chaleur, et l'effort que je dois fournir dans ce sable mou n'arrange pas mon état. A 800m de l'arrivée, un membre du staff m'annonce "5 kms". Dans ma tête un fusible grille ... j'ai perdu toute notion du temps ... Heureusement, les "BARAVO" des enfants qui nous accueillent me donnent des ailes pour franchir le finish. Pleurer, respirer, crier, rire ... les émotions me submergent ! Avant le départ on peut tout imaginer sauf ce que l'on vit au moment présent.

Après les danses traditionnelles, nous passons aux choses sérieuses : nous allons distribuer de main à la main toutes les fournitures récoltées pendant 9 mois. Encore un moment d'une rare intensité. Même si les enfants des petites sections ne parlent pas français, ce qui se passe dans leurs yeux est bien plus fort encore. Midi, c'est le retour en mode compét' en cariole jusqu'au camp.

Mardi 26 février, ce matin c'est en pirogue que nous partons sur la ligne de départ de la 2ème étape. Une boucle de 10 kms sur l'île de Firane qui me parait bien moins difficile que la veille. Après avoir écouté attentivement le discours sous le baobab sacré, Jean-Michel nous donne son "top". A l'arrivée, les femmes nous entrainent dans leurs danses locales et nos efforts de la course sont déjà oubliés !

Dans l'après-midi, on s'installe sous la tente de stockage (séance de hammam moins chère que gratuit ...) pour préparer les fournitures scolaires destinées à la distribution du lendemain. Puis nous partons avec Nicole (le médecin des Sénégazelles) pour la visite du dispensaire. Un vrai progrès pour la vie des villageois et plus particulièrement des femmes qui ont maintenant interdiction de d'accoucher chez elles. Cela leur permet d'avoir accès à la vaccination pour leurs enfants et à la contraception (quand elles ont l'autorisation de leur mari bien-sûr ...). Nous sommes surprises d'apprendre que le moyen de contraception le plus accessible ici est l'implant (qui reste encore assez peu répandu chez nous !).

Nous terminons cette journée par un petit massage d'Adama qui assure le room-service pour 7000 F CFA pour 3 (soit +/- 10 €). Le lendemain, nous découvrons un planning de massages affiché au tarif 20 000 F CFA (y'aurait-il eu une OPA sur les massages dans la nuit ???)

Mercredi 27 février, de nouveau nous embarquons dans les pirogues pour cette 3ème étape. 40 mns de navigation sous un magnifique lever de soleil qui éclaire le vol des pélicans : the african dream ! Aujourd'hui, Marcel et Rassoul nous ont concocté un parcours de 9 kms qui traverse différents villages. Une étape relativement difficile sur sable mou et un finish sur une longue ligne droite face au vent ... mais le son des djembés et les cris des enfants nous donnent suffisamment d'énergie pour terminer avec le sourire. Nous sommes à Simal, le village qui se situe ... à 400m de notre camp ! Après la distribution des fournitures, nous rentrons donc à pied en compagnie de quelques femmes du village.

Dans l'après-midi, Sylvie et moi avons la chance d'être accueillies dans la famille d'Eimounia. Peu après notre arrivée, d'autres femmes avec leurs enfants nous rejoignent pour la cérémonie du thé. Nous sommes conscientes de vivre un moment unique de partage entre femmes. Comme les hommes sont absents (pour cause d'enterrement), la parole est plus libre et tous les sujets sont abordés naturellement. En effet, n'oublions pas qu'ici c'est encore l'homme qui reste maître de tout (grossesses, contraception, organisation ...). Avant de partir, Eimounia nous fait rentrer dans sa maison : 1 pièce unique avec le lit parental et quelques affaires entassées sous des bâches. Quant aux enfants ils dorment à même le sol sur une natte. Pas d'eau courante, pas d'électricité et une chaleur digne d'un hammam ... bref, quand on rentre en France on apprécie particulièrement de pouvoir boire un verre d'eau juste en tournant le robinet.

Nous avons commencé cette journée avec un magnifique lever de soleil, nous la terminons avec un spectaculaire lever de lune sur le Sine Saloum.

Jeudi 28 février, avant dernière étape ... déjà ! ... et en forme plus que jamais. Les quelques courbatures ressenties hier matin ont disparu et j'ai la chance d'avoir encore les pieds en parfait état. Nous quittons le camp en cariole vers 7h. Nous sommes gelées et pourtant la température oscille entre 20 et 24° (il semble que l'on se soit bien acclimatées aux chaleurs locales !). Ce matin, Jean-Michel nous a réservé une surprise : nous partirons par groupe de 10, toutes les 2 mns, dans l'ordre inverse du classement. L'occasion de partager quelques secondes de course avec les Sénégazelles de tête :-). 9,5 kms pour atteindre Faoye dans un paysage lunaire à travers les mines de sel ... magique ! Le dernier km se fait dans le sable mais quand on pense à l'accueil qui nous est réservé à chaque fois, ça donne envie d'allonger la foulée pour profiter au plus vite de cette ambiance si festive.

De nouveau nous faisons le tour des classes toujours aussi bondées : 50 élèves par section et pas un bruit ! Un exemple de discipline ! Midi, nous rejoignons à pied l'endroit où nous allons déjeuner : une superbe propriété au bord de l'eau, un endroit de rêve appartenant à un riche libanais. Nouvelle surprise de Jean-Michel : chaque Sénégazelle ira planter un manguier sur un terrain qui fait face au fleuve ... une façon de remercier le propriétaire de cette villa et de laisser une belle trace de notre passage ici ce jeudi 28 février 2013. Dans 5 ans, il faudra que je revienne ici, pour admirer le fruit de mon "travail" !!! 

Vendredi 1er mars, et voilà, on y est. Après 9 mois de préparation et 4 jours de course on s'apprête à boucler notre dernière étape. La magie des rencontres, mêlée à la fatigue des efforts, font de ce dernier départ un moment particulier. Spontanément toutes les Sénégazelles forment une ronde et entonnent le chant "local" qui résonne sur les rives du Sine Saloum. A ce moment l'émotion est à son paroxysme ... je crois que nous sommes toutes conscientes d'avoir vécu une aventure exceptionnelle loin de nos repères Européens.

Mais Jean-Michel n'oublie pas de lancer le signal, et nous voilà parties pour 8,5 kms d'un parcours varié et roulant jusqu'au village de Rôh. Pour une fois les enfants ne sont pas sur la ligne d'arrivée, ce qui nous permet de profiter pleinement de ce dernier finish entre femmes. Rires, larmes, cris de joie ... toute la palette des sentiments s'exprime librement, sans retenue ... et ça fait du bien !

Après la photo finale, nous partons à la rencontre des villageois qui nous offrent sans doute le plus bel accueil de toute cette semaine. Un magnifique spectacle dont on sent que chaque instant a été préparé avec minutie. De nouveau les enfants reçoivent très sagement leurs dotations et le directeur de l'école remet à Jean-Michel et Evelyne 2 superbes tenues locales en guise de remerciement. Pour la 1ère fois depuis le début de la semaine on sent une émotion sincère de la part notre GO.

Dans les pirogues qui nous ramènenet au camp, il me semble que ça piaille moins que d'habitude. Sans doute une manière de se mettre dans sa bulle et profiter une dernière fois de cette atmosphère si spéciale.

Au camp, l'efferscence reprend peu à peu :  derniers achats (cette fois on gruge la loi des femmes), préparatifs des bagages ... en attendant la remise des prix (eh oui, même si la course passe souvent en second plan, il y a quand même un classement !), et la soirée de gala.

Chaque Sénégazelle repart avec son trophée : dans l'ordre, Sylvie termine brillamment 18ème, quant à moi je me situe juste en fin de la 1ère moitié à la 37ème place et enfin, Isa en début de seconde moitié à la 42ème position.

Samedi 2 mars, l'heure des adieux a sonné. A 7h. du mat' nous prenons place dans les camions brousse et nous refaisons le même trajet que la semaine dernière en sens inverse. A mi-chemin l'arrêt pipi reflète bien l'ambiance détendue du groupe : 79 gazelles en position de gardien de but dans la savane Sénégalaise qui continuent leur conversation ... voilà le résultat d'1 semaine de vie en communauté où les règles primaires du "savoir-vivre" ont bel et bien disparu !

Cette fois, du fait de la circulation, il nous faudra 4 heures pour rejoindre Dakar. A peine arrivées, je file avec Isa en ville pour quelques achats avant de rejoindre Claude (une amie de Seynod) sur l'île de Gorée. J'ai tellement déconnecté lors de notre séjour sur le camp, que lorsque je vais aux toilettes je cherche mon pot d'eau à verser dans la cuvette ... miracle, je (re)découvre la modernité de la chasse d'eau !

La journée se termine au Patio pour une dernière soirée festive sur la piste de danse. Minuit, c'est le transfert à l'aéroport : nous voilà re-parties pour 12 heures de voyage. Une 1/2 journée pour nous permettre de revenir lentement à notre vie française et à réintégrer quelques codes de base. Après 8 jours passés dans une autre dimension, nous avons pris quelques automatismes qu'il faudra oublier si nous ne voulons pas trop surprendre notre entourage !!!

Dimanche 3 mars, c'est le retour après 8 jours d'une rare intensité émotionnelle. Les images se bousculent encore dans la tête et j'ai hâte de partager avec vous quelques moments de cette aventure.

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