Coupe du monde de ski 2020
La course d'Hahnenkamm, c’est la Mecque du ski alpin. Chaque année, le gratin de la discipline se retrouve à Kitzbühel, en Autriche, pour affronter la Streif. Pas forcément pour gagner la course, mais pour avoir la satisfaction d’être arrivé en bas de la piste en un seul morceau. Avec une pente maximale inclinée à 85% (40,4°), des pointes de vitesses à plus de 130 km/h et des portions de la piste s'apparentant plus à de la chute libre qu’autre chose, la Streif est à la hauteur de sa réputation. Celle de la piste la plus technique, prestigieuse et difficile du monde. Remporter cette course vaut tout l’or du monde, même l’or olympique.
La Streif : la piste qui fait flipper les plus grands ... même Ingemar Stenmark pour qui cette piste s'est révélée être un défi insurmontable ! Avec ses 86 victoires, Ingemar Stenmark est – encore aujourd’hui - le recordman absolu en Coupe du monde, bien loin devant Hermann « Herminator » Maier qui n’en compte « que » 54. Le Suédois a cependant vécu une sacrée mésaventure à Kitzbühel en 1981. C’est la seule épreuve de descente qu’il a disputée en 15 ans de carrière, et il ne doit pas en garder un souvenir impérissable. Peu à l’aise dans les épreuves de vitesse, Ingemar Stenmark a dû se résoudre à descendre la piste…en chasse-neige ! Une scène ahurissante qui a marqué à jamais l’histoire du ski alpin.
« En découvrant cette piste, en 1995, j’ai eu peur (…) Au premier entraînement, il avait fallu que je me raisonne pour finalement pousser le portillon et ne pas reprendre la télécabine ». Cette phrase, c’est Didier Cuche qui l’a prononcée. 17 ans plus tard, le Suisse devient officiellement le roi de la Streif en remportant sa cinquième victoire sur cette piste mythique (1998, 2008, 2010, 2011, 2012).
Jeudi 23 Janvier 2020
Aller à Kitz, ça se mérite ! 700km, 8 heures de route et surtout subir la traversée de la Suisse avec ses limitations de vitesse à 80 km/h sur les autoroutes ... Ils sont fous ces Suisses ! On passe par le Liechtenstein ce qui permet enfin de situer ce pays sur la carte ! Je jette un oeil sur Wikipédia : 38 000 habitants, un des plus hauts PIB / habitant au monde et un taux de chômage les plus bas au monde ... Un prince gouverne ce petit paradis : Hans-Adam II.
Après plus de 3h30 de route on pénètre enfin en Autriche ! Des grosses berlines qui nous doublent à vive allure, des dizaines de tunnels qui coupent les montagnes, des pistes de ski éclairées : la différence avec les pays limitrophes est clairement notable !
Fin de journée, nous rejoignons enfin le reste du groupe au Nabucco, une pizzeria de Kichberg où le personnel ne parle qu'en Italien ! J'adore ... Nous enchainons avec un verre au Londonner un Pub aux couleurs de la Grande-Bretagne ... Comme vous pouvez le constater, notre séjour est très cosmopolite !
Fin de soirée, avant de rejoindre notre appartement Haus an der Bergquelle à Oberndorf in Tirol, nous nous approchons de la mythique Streif complètement éclairée : c'est là que débuteront les festivités !!!
Vendredi 24 Janvier 2020
Grand ciel bleu ce matin, la journée s'annonce bien ! Ce vendredi nous avons décidé de profiter des pentes Autrichiennes et là, nous entrons dans un autre monde. Pas de doute, le ski est bien le sport national de ce pays ! La neige est exceptionnelle (dure et accrochante à souhait !), les pistes sont des boulevards et les télésièges sont chauffés !!! Je me régale !!! On s'approche du départ de la Streif ... un mur de glace ! On traverse la piste par un passage protégé par un tapis : sans cette protection il est impossible de tenir debout avec nos skis compét' de loisirs. Quand on est skieur, on prend toute la mesure de la légende de cette piste.
11h30, c'est le départ du Super G, nous prenons nos bracelets pour accéder aux abords de la piste. Nous nous posons près d'un écran géant et c'est parti pour le spectacle ! A l'endroit où nous sommes, les skieurs plongent dans le mur avant de prendre un long virage pied droit et les différences entre les coureurs sont assez flagrantes. Pas de français sur le podium ... On se contentera de la 9ème place de Pinturaut.
Après la course nous profitons encore des pentes Autrichiennes avant de rejoindre le reste du groupe à l'hôtel des Français. L'occasion de croiser quelques coureurs Français, de faire quelques rencontres et de passer une soirée bien arrosée. 1h. du mat' on rentre à l'appart ... demain c'est le Grand Jour : celui de la descente, la discipline phare de Kitzbuhel.
Samedi 25 Janvier 2020
Ce matin à 10h30, après avoir pris nos bracelets pour accéder à la raquette, nous sommes dans la place. Quelle émotion de voir tout ce monde ! 50 000 personnes pour assister au spectacle des coureurs s'élancer sur la fameuse Streif, c'est impressionnant ! Au son de la cloche qui annonce le 1er départ, je sens ma gorge qui se serre. Quel que soit le résultat, chaque skieur qui passera l'arche d'arrivée sera un héros !
11h30 : le compte à rebours est terminé, le silence est impressionnant, tout le monde a conscience de la dimension de cette course. 50 fonceurs triés sur le volet avec le courage de vouloir dompter la Streif (en version patinoire en pente) vont participer à la légende de cette piste. 8 Français sont au départ, dont 4 dans le top 30.
Le 1er à s'élancer est un Américain et, à son arrivée les applaudissements fusent : tous les descendeurs seront salués quelque soit leur nationalité. C'est aussi ça la magie du ski ... Les écrans nous permettent de suivre la course en direct, mais juste la clameur du public permet de savoir si qui se passe sur la piste (le temps intermédiaire qui passe au vert, une erreur de trajectoire, une chute ...)
Le plus saisissant c'est quand un Autrichien s'élance : la foule est en folie, alors quand Mattias Mayer (avec son dossard 13) affiche le meilleur temps c'est carrément l'explosion. Un Autrichien qui gagne la descente pour la 80ème édition, je peux vous dire que c'est au moins aussi fort, que quand l'équipe de France de foot devient championne du monde.
Nos meilleurs Français prennent les places 4 & 5 (à 5 centième du podium pour Yohan Claret).
Caractéristiques techniques :
• longueur totale : 3 312 m
• Pente moyenne : 27 %
• Pente maximale : 85 %
• Pente minimale : 5 %
• Dénivelé : 862 m
La course démarre à 1 665m pour s'achever après un peu plus de 3 km de course, à 800 mètres d'altitude. La pente permet aux skieurs de se livrer à des sauts dont la longueur dépasse les 70 mètres. La vitesse moyenne enregistrée lors des descentes disputées dans les années 2000 est de 105,73 km/h avec des pointes de vitesse atteintes dans la compression de Zielschuss à plus de 140km/h.
Nous rejoignons l'hôtel des Italiens pour profiter de l'ambiance festive qu'il règne ici. Il faut dire que Kitzbühel ne vit plus qu'au rythme des courses de ski et en attendant la remise des prix, il faut bien s'occuper ... et je dois dire que sur ce point il y a l'embarras du choix ! On boit, on chante (enfin, on essaie), on danse, on discute en anglais, en italien et en français. C'est la fête à tous les étages et dans toutes les langues !
18h30, on assiste avec plus de 20 000 personnes au tirage au sort des dossards pour le slalom du lendemain et à la remise des prix de la descente. C'est encore énorme : musique à fond, foule en liesse quand Maier récupère son trophée et feu d'artifice spectaculaire. Jamais je n'aurais imaginé que ce sport puisse soulever autant d'émotions ! En France on paierait presque les gens pour qu'ils viennent assister à une course ... Ici, c'est nous qui payons pour prendre part au spectacle. Je prends toute la mesure de cet évènement et je comprends mieux quand on dit que Kitzbühel est la Mecque du ski.
Comme hier, nous sommes de retour à l'appart' vers 1 heure. Plus ça va, plus nos nuits sont écourtées ... mais on se laisse porter par la folie qui règne ici et ça nous fait tenir.
Dimanche 26 Janvier 2020
Depuis vendredi, nous n'avons pas encore eu la chance d'assister à un podium français alors on croise les doigts pour aujourd'hui d'autant qu'on a 2 gros favoris au départ ce matin. Les places pour accéder à la raquette sont un peu moins chères pour le slalom. Je constate d'ailleurs que les prix sont en rapport avec l'attractivité de la discipline : 20€ pour le Super-G, 25€ pour le slalom et 30€ pour la descente. Cela est d'ailleurs en corrélation parfaite avec le nombre de spectateurs.
Mais bon, 20 000 personnes pour assister à un slalom, on aimerait faire les mêmes scores chez nous ! Comme hier, les 10 1ers coureurs sont présentés (dans la langue correspondant à leur nationalité s'il vous plait !). Clément Noël part avec le dossard 3 et Pinturaut avec le 6. 10h30 précise, le bruit sourd de la cloche retentit et c'est parti pour les 74 coureurs sélectionnés.
Nos français ne produisent pas leur meilleur ski .... et Clément Noël n'est que 10ème de cette manche à rebondissement. Normalement après le dossard 30, la course est faite, mais le dossard 35 (le Norvégien Braaten) vient rebattre les cartes en réalisant le meilleur de la manche et le dossard 73 crée une immense surprise en se classant 7ème ! On loupe quand même des trucs quand on suit le ski sur Eurosport !
13h30 : c'est le départ de la seconde manche et enfin un podium bleu grâce à la victoire de C Noël (qui a eu chaud aux fesses !). On assiste à la remise des prix qui se fait en 2 temps 3 mouvements et on quitte nos places. On croise quelques coureurs et je suis surprise de les voir porter leurs skis. Seuls les 3 premiers ont une escorte spéciale mais sans doute davantage pour protéger leur trophée qu'eux mêmes (j'en déduis donc que le chamois doit être en or pour être aussi bien accompagné).
On termine notre après-midi au Londonner. C'est bientôt la fin d'un week-end de folie. J'avais déjà entendu parler de la légende de Kitzbühel mais j'étais loin de comprendre ce qu'il se passait ici pendant la coupe du monde. Maintenant, je pourrais dire que j'y étais !
Nous terminons ce séjour par une balade dans Kitzbühel magnifique village typiquement tyrolien. Tout est coloré, propre (malgré les festivités de ce week-end), et les prix dans les vitrines annoncent la couleur : ici c'est bien le Courchevel Autrichien qui accueille la jet-set du monde entier dont Arnold Schwarzenegger qui ne manque aucune édition de cette étape de Coupe du Monde.
Notre groupe s'est réduit et j'avoue que j'apprécie aussi ce retour au calme où on peut parler plus facilement. On se retrouve à l'Alexander pour cette dernière soirée avant de reprendre notre routine.
Mes impressions : Pour rien au monde je n'aurais donné ma place à quelqu'un. Ces 3 jours sont une célébration au ski, un tumulte d'émotions et un énorme moment de partage. Ici, on parle italien, anglais, allemand, norvégien ou espagnol mais tout le monde se comprend.
Mais pour apprécier cette fête il faut être un skieur passionné ... ou un ivrogne en puissance! Il ne faut pas imaginer venir aux courses et rentrer bien au chaud dans son hôtel ! On passe des heures les pieds dans la neige et la seule activité en dehors du ski est de faire le tour des bars.
Nous avons joué le jeu jusqu'au bout et je dois dire que j'en suis ravie même si j'ai trouvé que mes nuits étaient trop courtes ... y'a un moment où il faut débrancher le cerveau pour se mettre dans l'ambiance et profiter vraiment de ces moments uniques !
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