Au Fil du Mékong

 Préambule 

Fin 2019 nous avions réservé ce voyage pour Novembre 2020 ... et comme vous le savez, notre planète s'est arrêtée de vivre cette année là ! Alors que le monde se ré-ouvre peu à peu depuis 2021, ce n'est qu'en Mai 2022 que le Laos accueille à nouveau les touristes. Comme nous avons toujours un avoir qui sommeille depuis 2 ans, je me relance dans l'aventure et, en 2 clics, je réserve nos motos pour un départ le 28 Octobre sur les routes du Laos.

 Informations & Formalités pour le Laos et la Thaïlande : 

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Vendredi 27 Octobre

Vol Doha > Bangkok : 7h55 > 19h05

Notre A380 se pose presque avec grâce à l'aéroport de Bangkok. Nous sortons en tête, changeons quelques €uros en baths, passons les contrôles en toute fluidité et attendons presqu' une heure nos bagages ... J'enrage !

Allez, direction le Rail Link qui nous relie à Bangkok. Nous prenons les tickets en 2 secondes (90 Bats / 2,5 euros pour 2) et 30 minutes plus tard nous voilà à notre hôtel. Waouh ! C'est beau, et nous retrouvons l'accueil si délicat des Thaïlandais. Sawasdee Kaaaaaa ... Demain nous rejoignons Chang Mai la Perle du Nord.

Pour cette nuit à Bangkok, nous logeons au Eastin Grand Hotel Phayathai ... que j'ai choisi pour son emplacement à quelques minutes de la Station Phayathai qui correspond à la station du City-Line. (Hébergement supérieur Panorama -145€ en formule petit déjeuner)

Plan Station Phayathai

Samedi 28 octobre

Vol Bangkok / Chang Mai : 12h25 > 13h45

Comme hier nos bagages tardent à arriver ... décidément il ne faut pas s'enregistrer trop tôt si on veut gagner du temps. Un panneau à nos noms nous indique que nous sommes attendus. Nous grimpons dans la navette réservée par Vintage Rides et faisons notre check-in ... Arrggghhh .... je fais la grimace quand je découvre notre chambre. Après le luxe de Bangkok, le contraste est un peu dur. J'ai beau me dire que ça n'est que pour une nuit, je me sens déjà à l'étroit. Le temps de laisser nos valises et nous voilà partis dans Chang Mai. La Perle du Nord ??? Vous êtes sûrs ??? 

Nous n'avons vu que quelques rues et je sais déjà que je n'aime pas cette ville : des salons de massage, des bars, des boutiques de cannabis ... franchement ça sent plus la débauche que la culture (ou alors c'est celle du cannabis !). Nous rentrons à l'hôtel où nous faisons connaissance d'une partie du groupe (2 américains, 1 canadien et 1 suédois) puis allons faire un apéro avec les autres riders (1 suisse, 1 couple de français et 1 français seul) soit 9 motos au total. Comme en Inde je suis la seule représentante féminine à prendre le guidon.

Nous terminons la soirée au resto avec le couple de Bretons (11€ le repas pour 4 !). Ce soir je prépare mes affaires pour le lendemain et, grosse panique, je ne retrouve ni ma carte bancaire ni mon téléphone. Je pique un sprint en pyjama jusqu'au restau où nous avons dîné : rien. Je passe au bar où nous avons bu un verre, toujours rien. Je refais la soirée et me vois en train d'éclairer la poche de mon sac à dos pour prendre la clé de l'hôtel ... je cherche donc par-terre, mais toujours rien. Je rentre à la chambre et trouve l'objet de mes recherches sous le rabat de ma valise ... Non, vraiment, cette ville ne me va pas !

Nuit à Chiang Mai

Dimanche 29 Octobre

1er jour de moto : Chiang Mai > Chiang Khong - 300 km : 5/6 heures de route

Remise de mes émotions de la veille, j'enfile mon pantalon et mes bottes de moto. Je suis prête pour une longue étape de 300 km jusqu'à la frontière du Laos. Nous récupérons nos Royal Enfield qui nous attendent bien alignées dans la cour du temple qui fait face à l'hôtel. Aujourd'hui nous avons une première étape très roulante à travers les campagnes verdoyantes du Nord du pays. Nous faisons une 1ère pause aux sources chaudes (où certains se font cuire un oeuf) puis continuons jusqu'à Chang Rai où nous admirons le célèbre White Temple. Blanc sur fond de nuages blancs, je trouve qu'il ressemble à une grosse meringue perdu dans un bol de fromage blanc. C'est beau non ?

Après le déjeuner, nous reprenons notre route vers l’Est et nous visitons le musée de Bandam qui nous laisse perplexes : des sculptures d'hommes avec des sexes surdimensionnés, des peaux de crocodiles étalés sur d'immenses tables, des chaises avec des cornes de buffles ... je n'ai pas saisi l'émotion de l'oeuvre !  Nous reprenons nos guidons. Les paysages changent, nous longeons les rizières qui bordent la route, la végétation est de plus en plus luxuriante, la terre de plus en plus rouge. Peu à peu nous entrons dans les montagnes et les lignes droites font place aux virages. On exagère les courbes, on accentue les lignes, on amplifie l'inclinaison de nos motos : on retrouve un terrain de jeux que l'on aime ! Premières images du Mékong, Chang Mai est oubliée ... ça commence à sentir bon le Laos.

17h30, nous arrivons au Teak Garden. L'infinity Pool sur les rives du Mékong est une invitation à un plongeon ... Nous approchons du paradis !!!

Nuit à Chiang Khong

Quelques règles à respecter dans les temples :

• Epaules et genoux doivent être couverts. Le nombril aussi et pas de décolleté ou hauts transparents pour les femmes.
• Avant d’entrer dans les différents bâtiments et sur certains espaces, il convient de retirer ses chaussures.
• Le temple est un lieu de prière et recueillement, la discrétion est donc de mise.
• Les embrassades et gestes d’affection en Thaïlande sont assez mal vus en public en général et c’est encore plus le cas dans les temples.
• Les pieds sont considérés comme étant impurs.

Lundi 30 Octobre

Chiang Khong > Luang Namtha - 180 km : 4 heures de route

Quoi de mieux qu'un petit-déjeuner face au Mékong pour bien commencer une journée ? Je me sens particulièrement apaisée. Ce matin nous partons (très) tôt pour rejoindre le poste frontière. Nous sortons de la Thaïlande pour entrer dans un no man's land de 3 kms et prenons le 8 qui permet de reprendre notre conduite à droite. Le Friendship Bridge IV enjambe le Mékong jusqu'au poste de frontière du Laos. 2h30, c'est le temps qu'il nous faut pour présenter nos visas, enregistrer nos motos et récupérer notre guide Laotien. En fin de matinée, nous posons nos roues au Laos et les différences avec la Thaïlande se sentent immédiatement. Nous avons franchi plus qu'une frontière, nous avons changé d'époque ! Ah oui, nous avons également changé de statut puisque nous sommes millionnaires ! Au poste frontière nous avons converti 300 € et avons reçu 6 500 000 Kips ...

Nous découvrons les premiers villages typiques du nord du pays, leurs maisons de bois montées sur pilotis, et attaquons les routes de montagnes où nous enchainons les virages avec fluidité malgré la pluie qui a rendu la chaussée plus glissante. 14h nous faisons une pause déjeuner dans un restaurant typique et goûtons nos premiers plats Laotiens. Riz collant (trèèès collant), légumes croquants parfumés au gingembre : un vrai régal !

17h nous arrivons à Luang Namtha. Une douche et nous filons au Night Market. L'occasion de découvrir les produits locaux : fruits inconnus (comme le Cherimoya), vers, insectes ... ce soir, tout le groupe est ouvert à de nouvelles expériences et c'est sous l'oeil amusé de notre guide que nous tentons d'avaler ce qu'il nous propose. Nous finissons finalement dans un restaurant où nous prenons des plats plus conventionnels (faut pas abuser non plus !)

Nuit à Luang Namtha

Passage de la frontière : Quitter la Thaïlande est très facile : on montre son passeport et on entre dans le no man's land entre les 2 pays. Attention : à ce poste frontière, le visa doit être fait AVANT le départ. En effet depuis fin 2019, le Laos ne délivre plus de visa à ce poste frontière. Vous donnez votre passerport puis vous le récupérez en vérifiant bien que celui-ci soit tamponné et la date d'entrée ou de départ clairement mentionnée. L’absence de tampon, d’entrée ou de sortie, sur votre passeport peut se révéler un problème. Vous pourriez être considéré comme un immigrant clandestin et avoir des problèmes à l’arrivée de votre prochaine destination. (Amende 10 US $/jour)

Mardi 31 Octobre

Luang Namtha > Nong Khiaw - 230 km : 5/6 heures de route

En avant plein Est pour une belle étape sinueuse à la découverte d’un Laos rural et luxuriant, croisant les travaux de la future voie ferrée Chine/Laos. Nous commençons la journée par un bout de off-road qui nous permet d'accéder aux coulisses d'un Laos authentique avant de faire le plein des motos. Le prix de l'essence est de +/- 1€ ce qui représente une fortune pour le Laotien moyen car le salaire est de moins de 100€ / mois. Le Laos fait partie des pays les plus pauvres du monde.

Alors que nous attendons à la station, nous découvrons un garage pour scooters juste de l'autre côté de la route. Nous courons demander au jeune vendeur s'il a une visse de 8. Et oui, dès le 1er jour de moto l'attache de ma visière tient par miracle par un bout de plastique bien usagé. Il ne parle ni anglais et encore moins le français mais après quelques gestes, il se précipite dans une caisse et nous sort LA visse demandée. Nous souhaitons payer mais refuse le billet que je lui tends. Kop Jai Lay ... lalala : Merci beaucoup ... beaucoup beaucoup beaucoup. Me voilà plus sécurisée pour la suite de notre voyage.

Nous reprenons nos routes de montagnes. Comme hier, il faut éviter les trous, les arbres arrachés, les blocs de pierre et les chiens errants. Il y a également beaucoup de camions Chinois qui peinent dans les montées et roulent à tombeau ouvert dans les descentes ... Le Laos est racheté par la Chine qui investit massivement dans les infrastructures du pays (voies ferrées, barrages ...). Nous faisons halte pour déjeuner à Oudomxay, ville commerçante également très influencée par la Chine voisine.

Aux alentours de Pak Mong et de ses champs de maïs à flanc de montagne, l'état des routes s'améliore et nous profitons des superbes lacets pour pousser nos montures. Fin de journée, nous approchons de Nong Khiaw, petit village posé au bord de la rivière Nam Ou serpentant entre deux falaises. Toute la beauté de ce village repose sur sa beauté naturelle et ce soir nous profitons d'une balade sur les eaux sombres de cet affluent du Mékong, alors que le soleil couchant éclaire délicatement les pics karstiques qui nous surplombent. J'adore l'atmosphère si relaxante qui règne ici.

À notre retour dans nos chambres, nous expérimentons le massage Lao et je dois dire que c'est très décontractant et très étonnant. Il y a même un moment où je me suis demandée comment la jeune fille arrivait à me tenir les pieds et me masser l'arrière des cuisses en même temps !

Nuit à Nong Khiaw

Mercredi 1er Novembre

Nong Khiaw > Luang Prabang - 150 km : 5/6 heures de route

Aujourd’hui, Hans nous avait annoncé 220 km mais ça aura été une étape beaucoup plus courte (150 km). Je pense que notre guide n'a pas emprunté l'itinéraire prévu initialement mais je préfère éviter d'en parler ici car il aura été le seul point noir de ce voyage. Nous prenons donc la direction de Luang Prabang l'ancienne capitale Royale du pays.

En route nous découvrons le travail des ouvriers dans les rizières, nous jouons avec les enfants des villages, nous observons les femmes tisser leurs fils de coton ... Nous longeons toujours le Nam Ou par la route puis par des chemins de terre jusqu'à l'endroit où il se jette dans le Mékong. C'est là que nous posons nos motos pour un déjeuner sur les bords du fleuve. Les paysages ont de nouveau changé et les montagnes sont maintenant coniques rappelant les chapeaux des paysans travaillant dans les champs.

En guise de balade digestive notre guide Laotien (Thong) nous propose une traversée du Mékong pour accéder à la grotte de Pak Ou où quelques 4 000 bouddhas veillent sur le confluent. Au pied de ces statues, ce sont des offrandes, des rubans de papier et des fleurs d’encens qui s’entassent créant une atmosphère mystique. Le début de la nouvelle année du Laos, le site devient un lieu de pèlerinage où le 1er ministre du Laos ne manque jamais de se rendre.

Vers 16h, nous posons nos bagages pour 2 nuits au My Dream Resort. L'occasion de remettre un peu d'ordre dans nos valises, de donner du linge à laver et de prendre le temps de profiter de la ville. Ce soir nous avons réservé une table sur les bords de la rivière Nam Khan. L'endroit tenu par une Canadienne francophone est très beau et nous profitons de cette soirée qui nous offre un confort bienvenu après des routes qui demandent beaucoup d'attention.

Nuit à Luang Prabang

Jeudi 2 Novembre

Luang Prabang - 70 km

Ce matin j'aurais pû faire la grasse matinée mais je ne voulais pas manquer les moines venir chercher leurs offrandes. Cette cérémonie a lieu chaque matin, que ce soit en Thaïlande ou au Laos, et dégage une atmosphère de dignité et de recueillement. J'ai presque honte de sortir mon appareil photo devant tant de solennité mais je veux imprimer ce moment, alors je me mets légèrement en retrait pour voler quelques images.

Nous avons pris le petit déjeuner et une visite de la Perle du Laos (classée au patrimoine mondial de l’UNESCO), est au programme de la matinée. Luang Prabang est une petite ville lovée entre le Mékong et la rivière Nam Khan, mêlant le raffinement des plus beaux temples bouddhistes du pays au charme suranné de son héritage colonial français. Nous commençons par la visite du Palais Royal ainsi que du Wat Xieng Thong, le plus vieux temple de la ville. C'est l'occasion d'en apprendre un peu plus sur l'histoire douloureuse de ce pays, un des rares pays encore communistes au monde. Je sens d'ailleurs que certaines questions sont gênantes pour notre guide, comme la fois où je lui demandé de que diffusaient les haut-parleurs des villes le matin. Il nous a répondu sans conviction qu'il s'agissait d'informations concernant le pays, mais je l'ai traduit par la propagande quotidienne.

Nous enchainons après le déjeuner par une balade jusqu’à la belle cascade de Kuang Si. Je choisis de suivre le Suisse sur un chemin très glissant mais qui permet de suivre la rivière qui passe au milieu des arbres. Nous sommes seuls dans ce paysage digne d'un conte de fée et l'arrivée accidentée sur les bords de la cascade ajoute à la beauté de ces chutes. 

Nous terminons cette belle journée par une balade sur le Night Market pour l'achat de quelques souvenirs. Nous croisons nos 2 guys Thaïlandais (Baz et M) qui assurent l'assistance de ce périple. Comme d'habitude ils ont le sourire aux lèvres et nous sommes touchés par toutes leurs marques d'attention. Ils sont discrets mais toujours là pour répondre à toutes nos demandes, parfois même avant que l'on ouvre la bouche. Nous prenons place près des stands de cuisine de rue, et je me délecte d'un poisson (du Mékong) grillé au feu de bois et parfumé à la citronnelle. Frank, quant à lui, fait le choix de brochettes d' abats de poulet. Prix du repas : 6€ ...

Nuit à Luang Prabang

Vendredi 3 Novembre

Luang Prabang > Sayaboury - 130 km : 2/3 heures de route

Nous laissons la Capitale Royale et mettons le cap au Sud-Ouest entre les rizières et les plantations d’hévéa. Une étape courte pour atteindre l' Elephant Conservation Center mais dont les derniers kilomètres sont accidentés. J'inaugure mon 1er passage de boue et, saisie par mon inexpérience, j'accélère un peu trop et me retrouve crépie des bottes jusqu'au casque !

Heureusement notre arrivée au coeur d'une nature sauvage et paisible me fait oublier cet incident. Nous prenons possession de nos bungalows en bambou au confort très spartiate, avec vue incroyable sur un petit lac aux eaux tranquilles. Je crois qu'on va être bien ici ! Après un petit nettoyage de mes vêtements nous partons déjeuner au bord de l'eau où nous pouvons observer nos 1ers éléphants.

Nous passons un après-midi off à en apprendre un peu plus sur ces pachydermes et terminons cette journée détente par un apéro très français avec saucisson, fromage et vin rouge. La soirée est douce et nous vogons lentement sur les eaux lisses du lac. Encore un de ces moments où le temps semble suspendu ...

Nuit sur place

Chaque camp d'éléphants au Laos possède sa propre structure et ses valeurs. En ce qui concerne le Centre de Conservation des Eléphants à Sayaboury, celui-ci prône la protection de cet animal en le libérant du joug de l'exploitation forestière et du tourisme à grande échelle. Il confère à ces mastodontes un cadre naturel et des traitements vétérinaires leur permettant de s'épanouir pleinement et de proliférer.
Concrètement, l'ECC s'efforce de les préserver de l'extinction à travers différents projets. Des projets qui sont financés par les formules de séjour touristique dans l'enceinte du centre. En faisant venir les férus de la nature et des éléphants, cette institution offre un travail fiable aux cornacs mais sensibilise également les gens sur l'importance de la conservation de ce fabuleux animal.

Samedi 4 Novembre

Sayaboury > Pakbeng - 180 km : 4/5 heures de route

Waouh ! Mais que cette journée à été difficile !!! Ce matin nous suivons les méandres d'une ancienne route de crête très abîmée : 110 km de portions sans bitume qui se succèdent à des passages sur de l'asphalte défoncée par les trous, les cailloux et le sable. Je ne parle pas des graviers qui font glisser nos roues et des animaux que l'on surprend en sortie de virage ! S'éloigner de la civilisation ça se mérite ! Mais ça nous permet aussi d' entrer dans des villages isolés, d'approcher le Laos rural et de s'émerveiller de ce monde qui semble coupé de notre civilisation.

À Hongsa, nous faisons une pause déjeuner dans un restaurant 100% local comme a su nous trouver Thong durant tout notre voyage. Après ce moment de relâche, nous retrouvons un beau ruban de macadam bien lisse qui nous emmène jusqu’à Pakbeng, posé sur une rive du Mékong. Pakbeng est un village qui présente peu d'intérêt mais qui reste un arrêt obligatoire pour les bateaux qui effectuent la liaison entre la frontière et Luang Prabang. Les voyageurs y restent une nuit et les jeunes backpackers y trouvent des endroits de débauche en attendant le départ du prochain bateau.

Nous arpentons l'unique rue avant de nous poser sur une terrasse en surplomb du Mékong et admirer les derniers rayons de soleil qui viennent éclairer les eaux troubles du Mékong. Ce soir nous nous battons pour payer l'apéro : la vie est si peu chère (pour nous) que nous avons peine à dépenser tous nos kips (il nous reste encore 2 millions soit +/- 100€).

Nuit à Pakbeng

Dimanche 5 Novembre

Pakbeng > Chiang Khong - 150 km : 4/5 heures de piste

Dernière journée (déjà !) sur les routes du Laos avant de rejoindre la Thaïlande. Avant notre départ très matinal, je récupère des éléphants commandés la veille à la propriétaire de l'hôtel (car, étonammen,t il n'y en avait au centre de conservation des éléphants). Aujourd'hui c'est une vraie journée «off-road» qui nous attend. Presque 110 km de pistes qui traversent la jungle et nous permettent d'aller découvrir quelques villages tribaux.

Je peux vous dire qu'il n'y a pas que nos machines qui sont mises à rude épreuve ! De la poussière, des cailloux, de la boue, des trous ... beaucoup de trous ... Les bras, le dos, les abdos, les jambes : tout le corps est sollicité pour tenir nos engins sur ces chemins défoncés. La vigilance est de chaque instant pour éviter les pièges que l'on ne voit qu'au dernier moment à cause des nuages de poussière qui nous enveloppent.

Mais la récompense en vaut la peine ! Tous ces gens qui nous saluent au bord de cette route de montagne, ces gamins qui rient aux éclats, ces villages qui nous accueillent. J'ai conscience de la chance que nous avons de pouvoir nous aventurer dans ces contrées éloignées, de rencontrer les ethnies locales et de partager un moment avec eux. C'est pour vivre des parenthèses comme ça que nous choisissons la moto ... Les derniers km sont particulièrement éprouvants mais nous savons que la fin est proche et, malgré la fatigue, personne ne se plaint.

Début d'après-midi, nous récupérons des routes plus roulantes mais nous peinons à mettre la poignée dans le coin. Nous retardons le moment où nous allons passer la frontière et laisser derrière nous un pays si pauvre économiquement et si riche humainement. Une magnifique découverte.

Nuit à Chiang Khong

Lundi 6 Novembre

Chiang Khong > Chiang Kham - 150 km : 4 heures de route

Après 2 journées plutôt sportives, ça fait du bien d'adopter un rythme plus relax. Nous descendons vers le Sud en longeantt le Mékong, frontière naturelle entre le Laos et la Thaïlande. Quelques pauses nous permettent de profiter encore de la vue sur le 3ème fleuve d'Asie avant de prendre de l'altitude. Nous enchainons les virages jusqu'à  Phu Chi Fah, célèbre falaise, qui offre un point de vue incomparable sur le Laos. Comme depuis le début de notre voyage, les dieux sont avec nous : nous avons gravi les 400 marches qui nous mènent en haut de la falaise dans le brouillard et, comme par magie, le soleil vient déchirer les nuages pour nous dévoiler un paysage de toute beauté !

Peu à peu, la route nous ramène dans la plaine de Phayao en traversant le parc national de Phu Sang. Nous nous approchons de la ville de Chiang Kham et du Rico Resort un magnifique centre sportif créé par un Américain. Pour nous, ça sera plutôt détente et je m'imagine mal faire une partie de tennis avec le taux d'humidité qu'il y a ici.

Les chambres sont superbes et nous avons une triple vue sur les champs, un étang et le parc du complexe. Nous avons juste envie de nous poser et de profiter de la piscine. Frank part tout de même à vélo pour aller retirer de l'argent en ville. Ce soir, nos hôtes nous ont préparé un barbecue aux délicieuses saveurs Thaïlandaises. Depuis que nous avons posé nos roues en Thaïlande j'ai remarqué que nous ne voyons plus les papillons si nombreux au Laos, mais que nous entendons à nouveau les oiseaux ...

Nuit à Chiang Kham

Mardi 7 Novembre

Chiang Kham > Chiang Mai - 220 km : 4 heures de route

Nous y voilà, c'est notre dernier jour de moto. Une journée qui devait être tranquille mais qui va être perturbée par la crevaison de Frank. Nous enfourchons nos montures en direction du Sud-Ouest jusqu'à Phayao. Nous avons parcouru à peine 50 km, je viens de doubler un camion et, dans mon rétro je ne vois plus Frank. Je ralentis, le camion me rattrape ... bizarre ... Je fais 1/2 tour et je vois le groupe arrêté. La roue de Frank s'est déjantée au moment où il allait doubler le camion. Nous attendons l'assistance et, comme la réparation risque d'être longue je prends Frank sur ma moto jusqu'à notre pause café au bord d'un lac.

Un coup de fil nous apprend que le pneu n'est toujours pas réparé. Je laisse ma moto à Frank et c'est moi qui deviens passagère. J'en profite pour prendre des photos des paysages et des autres motards. Mais je sens l'accélération et les virages qui s'enchainent : j'enrage de ne pas pouvoir en profiter !

Nous déjeunons dans un joli restaurant / potager. Nos 2 petits gars arrivent avec la moto : je vais pouvoir reprendre le guidon. Mais sur la route Frank se rend compte que le pneu se dégonfle. Nous arrivons sur des voies rapides et je décide de ralentir l'allure. De toutes façons je ne suis pas pressée de retrouver Chiang Mai.

Le trafic devient plus dense, la pollution commence à nous gratter la gorge, le bruit de la circulation nous agresse. Après 10 jours loin de la vie citadine, ça pique. Nous posons nos motos au temple : pas d'accident, pas de chute, pas de casse. Un mélange de joie et de tristesse nous envahit. Demain nous ne partirons pas sur nos Royal Enfield.

Dernier repas dans le même restau où nous étions allés le 1er soir. Je n'aime toujours pas Chiang Mai mais, de partager ce repas avec nos compagnons de voyage me fait oublier la débauche de cette ville. Nous voulons commander une bouteille de vin et le propriétaire nous sort un cubiténaire. Devant nos mines surprises, il nous conseille de passer au 7/11 pour acheter une bouteille et la boire chez lui. Verrions-nous ça en France ??? Allez, on trinque une dernière fois avant de reprendre nos routes respectives.

Nuit à Chang Mai.

Mercredi 8 Novembre

Vol Chiang Mai > Bangkok : 10h10 > 11h35

Le retour en France est proche, mais il nous reste encore une escale à Bangkok. J'aime ce moment où on fait un retour par palier. Comme en plongée, ça permet de décompresser sans risquer l'accident de dépression. 11h35, notre avion se pose dans la capitale Thaïlandaise. Nous prenons le Rail-Link puis le Sky Train : à 13h30 nous avons récupéré notre chambre, à 14h nous marchons déjà en direction du Chao Praya le fleuve qui coupe la ville en 2.

« Pas facile en voyage de se familiariser avec la rudesse des villes ! Les montagnes et la mer représentent des dangers moins fourbes. En réalité, la ville n’a de sens que lorsqu’on parvient à instaurer une forme d’intimité avec elle. Sinon quand on ne la connait pas, elle n’est que bruit, pollution, anonymat et stress. » Thierry Prado

Nous grimpons dans un bateau jusqu'au Maritime Department. Je veux visiter le Talat Noi, mais à cette heure-ci nous avons un petit creux et nous nous installons dans un boui-boui local. Du riz, des noodles pour 4€ (avec les boissons), on ne risque pas l'explosion de budget. Nous sommes au coeur du quartier Chinois que nous remontons jusqu'au Mémorial Bridge et son Sky-Garden. De là, nous avons un magnifique panorama sur Bangkok.

Nous passons de l'autre côté du Chao Praya dans le quartier de Kudee Jin le Bangkok des origines. Je suis ravie de trouver rapidement la maison de Louis de Windsor qui doit être prochainement détruite. Cette bâtisse est superbe ! Nous arpentons les ruelles qui sont de plus en plus étroites, nous nous fondons dans les odeurs de cuisine, nous apprécions le spectacle de ce quotidien si proche de la ville moderne et pourtant si éloigné.

Nous passons devant le Wat Arun, les nuages se font de plus en plus menaçants et je me dis que nous devrions rejoindre l'autre rive. Mais Bangkok c'est grand et avant d'atteindre un embarcadère, le déluge s'abat sur nous. Une grosse pluie d'orage, bien intense qui vous imbibe en quelques minutes. Nous courons nous mettre à l'abri dans un troquet en attendant que ça se calme.

Le temps d'un repas rapide, l'averse s'est calmée. J'apprends par un jeune couple d'espagnols que les bateaux ne circulent plus et qu'il nous faut trouver une solution pour revenir à l'hôtel. Hier Frank avait crevé un pneu, ce soir c'est sa tong qui rend l'âme. Impossible de continuer à marcher dans ces conditions. Je hèle un tuk-tuk qui refuse de nous emmener. Finalement j'arrive à arrêter un taxi qui veut bien nous prendre pour 300 baths, justifiés par le trafic intense de cette fin de journée. C'est sans doute le tarif haut, mais nous n'avons ni les moyens, ni l'envie de discuter et on s'engouffre dans la voiture. (à noter que 300 baths c'est moins de 8 €). 30 mn plus tard, nous sommes installés dans le confort de notre chambre.

Ce soir je m'endors avec la vue sur Bangkok.

Nuit au Mode Sathorn Hotel en Chambre Double Exécutive (115 € avec petit-déjeuner)

Jeudi 9 Novembre

Vol Bangkok > Genève : 20h25 > 06h15 (+1)

Dernière journée en Asie et un peu de temps devant nous pour continuer nos visites. Avant de partir, j'avais préparé nos itinéraires dans Bangkok et ce matin, je veux aller à Baan Silapin, la Maison des Artistes. Le petit-déjeuner est expédié et, à 7h30 nous sommes déjà sur le quai du Sky-Train direction Bang Wa. Au terminus, il nous reste 2 km pour atteindre notre destination. Nous passons des grandes avenues de la capitale aux petites ruelles. C'est aussi ça que j'aime à Bangkok : vous êtes sans cesse dans les contrastes entre la mégalopole grouillante qui vous happe et les quartiers calmes qui vous vous feraient croire que vous êtes dans un village de province.

Nous longeons les khlongs dans une quiétude absolue et arrivons sur la terrasse en bois de la Maison des Artistes. Sur Google j'avais noté que ça n'ouvrait qu'à 10h, mais il est 8h et la patronne est là, prête à nous accueillir. Je fais un tour dans la boutique où j'achète une gravure imprimée sur bois et nous prenons un café au bord du canal. Tout n'est que douceur sur ces eaux noirâtres où pullulent les poissons-chat. Nous profitons de ces instants de tranquillité rompus par un Thaïlandais qui cherche la conversation.

9h, nous continuons notre chemin et prenons le métro pour traverser le Chao Praya (cette fois, on ne se fait pas avoir !). Nous traversons le Marché aux Fleurs et je suis toujours aussi surprise de tous ces Thaïlandais qui prennent leurs scooters les bras chargés de fleurs. Ici, la religion est présente partout : des autels remplis d'offrandes dans toutes les rues, des temples, des moines dans leur aube orange. Je suis fascinée par cette atmosphère de respect qui règne malgré toute cette activité permanente.

Nous atteignons le Mémorial Bridge et, comme hier, il faut trouver le chemin pour passer d'une avenue à l'autre. Il faut dire que certains quartiers ne sont pas adaptés aux piétons comme d'autres ne sont pas accessibles aux voiture. Encore un des contrastes de Bangkok qui rend cette ville si envoûtante. Nous atteignons le quartier Chinois et, usés par la moiteur étouffante, nous décidons de prendre un tuk-tuk pour atteindre le fameux quartier de Talat Noi. Et là, nous sommes déposés à côté de l'embarcadère du Maritime Department. Je me rends compte qu'hier nous étions à une rue de ce quartier que nous n'avions pas trouvé ! Des «oeuvres» insolites sont exposées, des graffitis couvrent les murs et la Painting House vient marquer la fin de notre visite.

Bangkok nous a pris le peu d'énergie qu'il nous restait et nous prenons à nouveau un tuk-tuk pour rejoindre le confort de notre hôtel. On se débarrasse de notre crasse, on se détend quelques minutes avant de boucler définitivement nos valises et nous descendons prendre notre repas dans un Coffee Shop climatisé.

15h30, nous reprenons les transports en commun pour l'aéroport et là, stupeur, nous découvrons une file d'attente de 200 ou 300 personnes devant les comptoirs de la Qatar. Je vais voir une jeune hôtesse qui m'imprime mes billets au self check-in et qui m'annonce que je peux passer par la file business !!! C'est bon ça !!! Hier soir j'ai profité d'une offre pour un voyage en Business pour le tronçon Doha / Genève mais on profite déjà des avantages de ce surclassement.

Vendredi 10 Novembre

Retour à la Maison et Bilan

Notre avion se pose à 6h du matin comme prévu. Comme nous avons voyagé en Business, nos bagages arrivent en tête (ça change de notre arrivée à Bangkok !). Nous sortons de l'aéroport et là, ça pique. Nous passons de 32° à 6°...

Retour à la maison que nous avons quittée il y a 17 jours pour un voyage tout en contrastes. Doha, ses lumières, ses traditions et son architecture futuriste. Chiang Mai, ses salons de massages, ses bars et son tourisme de débauche. Le Laos, son peuple accueillant et coupé de notre monde, ses paysages magnifiques et surtout le Mékong symbole de la vie. Enfin, Bangkok et toute sa diversité : ses buildings, ses maisons en bois sur pilotis et ces modes de vie si différents qui vivent en parallèle.

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