Voyailes

On se souviendra longtemps de cette année 2020 même si nous voudrions tous l'oublier ! Après avoir reçu notre mail d'annulation de nos vols pour Alghero, je me mets en mode « PLAN B » pour trouver une autre destination. Cette fois, j'oublie l'avion, le passage d'une quelconque frontière et tout ce qui pourrait nous obliger à respecter ces gestes barrières mis en place dans notre nouvelle vie. Bref, mon inspiration me conduit dans la ville de Hyères où Frank avait plongé il y a quelques années ...

Et j'avoue que passer le jour d'après à Hyères, je ne pouvais pas louper ça !

Je trouve un Club de Plongée, un hébergement et voilà un dossier vite bouclé !

Située à la pointe sud de la Côte d’Azur et baignée par le courant ligure apportant de nombreux nutriments, Hyères est le point de départ parfait pour découvrir toute la richesse d'un Parc National Marin. Les îles d'Or (Porquerolles, Port-Cros & Le Levant) abritent des fonds variés (tombants, herbiers de posidonie…) avec une flore et une faune extrêmement généreuses. De splendides tombants de gorgones pourront être observés et les corbs, mérous, barracudas et chapons seront là pour votre plus grand bonheur dans ce remarquable espace préservé. Le Parc National de Port-Cros protège depuis plus de 50 ans ces fonds marins et les îles.

 Jeudi 25 Juin 

Annecy > Hyères : 460km / 5h.

11h. c'est le top départ pour notre week-end plongée. Fin d'après-midi nous arrivons dans notre camping (oui, un camping !) ... en cette année si particulière tous les hôtels n'ont pas encore ouvert leurs portes et je fais le choix du bungalow ... bon, on ne va pas se mentir, ce n'est pas tant le logement qui me déplait dans le camping mais plutôt le monde et la promiscuité.

En cette saison on est encore au calme et il nous aura fallu moins d'une soirée pour faire la connaissance de Johnny, de sa femme et de son bouledogue Français ... je n'en dis pas plus mais je sais définitivement pourquoi je n'aime pas le camping 

Un petit tour à la piscine, apéro, restau et dodo : clap de fin sur cette journée.

 Vendredi 26 Juin 

Plongées au « Cap des Mèdes » et à la « Pointe de l'Escampobariou »

8h. nous sommes tous au Club de Plongée. J'aime bien ce moment où on découvre les lieux, qu'on fait connaissance avec le staff et qu'on se fond dans cette ruche. Les papiers sont remplis (encore une attestation qui nous rappelle que nous venons de vivre une pandémie), le matériel est checké : nous sommes prêts à embarquer pour notre 1ère plongée.

Le Cap des Mèdes est un bloc rocheux qui ressemble à une montagne percée (cette trouée est due aux bombardements de la 2nde guerre mondiale). En dessous, une plongée facile de remise en palmes : l'eau est claire, la température est correcte (21°) et nous croisons quelques murènes et un poulpe en pleine eau. Avec Adrien, on fait un vidage de masque dans les règles de l'art : j'ai l'impression que sa dernière plongée date d'hier ! 

12h30, on fait une pause au restau du camping avant de repartir pour une belle plongée sur la Pointe d'Escampobariou. Á 7m, une cavité nous permet de descendre dans une cheminée pour nous retrouver 13m plus bas. C'est là que la ceinture de plomb d'Adrien se détache ! Heureusement que Jeff a l'oeil et surtout le réflexe de le plaquer au sol pour remettre tout ça en ordre ! Après cet exercice inattendu, nous reprenons notre balade pour terminer par la remontée de la cheminée.

18h30 : retour au camping ... Val qui vient de faire les 2 premières plongées de sa vie est vidée ! Programme du soir : apéro, restau dodo !

 Samedi 27 Juin 

Plongées à « La Gabinière » et au « Cap des Mèdes »

Nous avons déjà adopté notre nouvelle routine et ce matin nous sommes au Club à 8h. Nous enfilons nos équipements, le matériel est chargé sur le bateau, nous sommes prêts pour notre plongée matinale. Hier, tout le monde portait consciencieusement son masque (chirurgical) mais aujourd'hui c'est relâche totale : 2 masques pour la plongée, il y en a 1 de trop !

Nous avons checké nos bocs, le masque est en place, le détendeur en bouche ... 3, 2, 1 ... bascule arrière pour nous retrouver au coeur de la réserve de Port-Cros. Et là, c'est magique ! Nous sommes accueillis par un Mérou et alors que nous commençons à peine notre descente c'est un ban de barracudas qui défile devant nos yeux. Je crois qu'on va se poser là et qu'on va juste profiter du spectacle ! La Gabinière, c'est le territoire des Mérous : j'adore ce gros poisson qui semble si tranquille. J'ai appris durant ce week-end qu'il est si affectueux, que si vous revenez plonger au même endroit, il s'approche de vous pour se faire caresser ... enfin, ça c'est la version romantique ... plus rationnellement, le Mérou cherche à se faire gratter le dos pour le débarrasser de ses parasites (c'est un peu moins glamour).

1 heure plus tard, on ressort de l'eau un peu déconnectés du monde terrestre ! Comme hier, on fait notre pause au restau du camping avant notre plongée de l'après-midi. Bon, on est toujours avec la même équipe mais les paramètres sont différents. Nous sommes accompagnés par 7 baptêmes et notre fin de plongée se termine par un embouteillage sous le bateau ! Sur le retour une jeune fille m'explique qu'elle a adoré son baptême de plongée sur les « cailloux » 

Je n'ai pas pu m'empêcher de lui expliquer que les « cailloux » étaient des coraux avec interdiction de les toucher et surtout d'en ramener !!! Comme le dit l'adage : « cela va sans dire, mais c'est mieux en le disant ! ».

Ce soir on change à peine notre programme de la veille : apéro, restau au Capte et dodo.

  Dimanche 28 Juin

Plongées sur l'épave « Le Grec » et la « La Gabinière »

Les clés de notre bungalow rendues, nous nous préparons pour cette dernière journée plongée. Hier on nous a proposé une plongée sur Le Grec (Le Sagona de son vrai nom). Compte tenu des paramètres de la plongée j'hésite mais les plongeurs présents ont les bons arguments pour que je me lance sur cette épave posée à 47m de profondeur. Verdict : j'ai vraiment bien fait de les écouter !

Le 3 décembre 1945, chargé de vin, le Sagona, battant pavillon panaméen, s'engage dans la passe entre les îles de Port-Cros et Porquerolles. Il mesure 54 mètres de long pour 8,5 mètres de large et jauge 808 tonneaux. Il touche une mine par bâbord et coule immédiatement, l'accident faisant deux morts et un disparu.

L'épave située au coordonnée 42° 59′ 38,63″ N, 6° 16′ 44,88″ E est un site de plongée célèbre à l'est de l'île de Porquerolles. Située à 1 600 m du rivage, elle est difficile à localiser. La plongée sur l'épave s'effectue entre 35 m et 47 m. Les points d'intérêt de l'épave sont : les coursives, les cales, le treuil, l'hélice, la cheminée. La vie s'est bien développée sur l'épave : gorgones rouges, bancs de poissons, mérous, murènes, pélagique en chasse.

Il est surnommé le Grec car au moment du naufrage l'équipage et les papiers de bord étaient de cette nationalité.

L'organisation de ce matin est un plus périlleuse que d'habitude : il y a ceux qui plongent sur l'épave et les autres, ceux qui déjeunent à midi à Port-Cros et les autres, soit 4 groupes à répartir sur 2 bateaux. Je me laisse guider (j'apprécie aussi de ne pas m'occuper de la logistique !). Et j'avoue que je suis déjà concentrée sur notre plongée : j'écoute avec attention le brief, je check mon matériel, je m'équipe ... enfin, j'essaie ... avec cette agitation ambiante, je ne retrouve plus mon ordi (rangé dans mon sac) et j'ai du mal à enfiler mes palmes. Elle serait pas un peu stressée la fille ???

Allez, c'est au tour de notre palanquée de se mettre à l'eau. On se rejoint à la bouée qui sert de repère et on s'enfonce dans le bleu (on ne perd pas de temps). On descend les 40 mètres qui nous séparent du haut de l'épave et quand elle apparait sous nos yeux c'est un émerveillement ! J'adore cette atmosphère si mystique qu'on trouve sur les épaves : ça me rappelle toujours les 1ères images du film Le Titanic (en moins profond ...). Je n'arrive pas à détacher mes yeux de ce cargo qui repose paisiblement sur le sable. En dessous de 30 mètres, nous sommes tous narcosés : pour moi, ça se traduit par un incroyable bien-être.

On se détache de notre fil d'Ariane pour longer les coursives au milieu de nuages de poissons. Je regarde mon ordi et mon no-dec time ... ça sera la seule fois de la plongée ! J'ai lâché prise, je me laisse aller, je profite juste de ce spectacle fabuleux. Je m'en remets complètement à notre guide de palanquée sans me soucier du moindre paramètre que je suis censée vérifier tout au long de notre balade (quand je vous dis que la narcose me fait un bien fou !). On s'enfonce dans le cargo avant de replonger dans le grand bleu. On longe la coque tapissée de gorgones, on flotte au-dessus de cette carcasse posée sur le sable, on vole au milieu des poissons ... J'ai du mal à reprendre la corde qui nous ramène à la surface : cette plongée a été magique et me donne déjà envie de passer mon Niveau III !

Retour à la surface, j'essaie de reprendre mes esprits. A peine le temps de débriefer : nous devons transférer nos affaires sur le bateau qui nous emmène sur l'Île de Port-Cros. J'étais déjà venue sur ce bout de paradis, mais je ne l'avais jamais vu aussi calme ... peut-être le seul avantage de la pandémie que nous venons de vivre. On se pose dans un restaurant en face du port, on apprécie ce moment où on partage nos balades aquatiques. Les organismes et les blocs rechargés nous reprenons la mer pour une dernière plongée à « La Gabinière ».

Il y des sites dont on ne se lasse pas et celui-ci en fait sans doute partie. On retrouve les Mérous laissés la veille, les bans de barracudas et les murènes planquées dans leur trou. Pour terminer ce superbe week-end une jolie méduse tachetée nous accompagne jusqu'à notre palier des 3 mètres.

18h30, nous refermons la porte sur ce très beau week-end. Des sites de plongées superbes, du soleil, de la bonne humeur : un cocktail infaillible pour un séjour parfait entre amis.